Ulysse ou l’impossible retour

A partir de 11 ans en tout public (représentation scolaire possible à partir du collège : 6eme)

théâtre et jeu d’ombres

Librement inspiré de L’Odyssée d’Homère

©F. Desmesure

Ulysse, la punition est levée : tu peux enfin rentrer chez toi ! Ça commence bien, non ? La suite ne sera sûrement pas aussi simple. Heureusement : sinon ce serait l’ennui, et il n’y aurait pas de spectacle… Hermès

Rassembler les spectateurs autour d’une grande histoire : jouer un théâtre pour tous.

Depuis nos débuts, nous avons comme horizon de produire et diffuser des œuvres théâtrales qui rassemblent. Nous croyons que le théâtre peut avoir la vertu d’aider la société à mieux se connaître, s’accepter, être en relation – à la condition de prôner la mixité comme une priorité. Et nous pensons que les meilleures pièces léguées par l’histoire nous proviennent de spectacles qui ont su rassembler les publics. Ainsi, revendiquer un théâtre populaire consiste chez nous à vouloir partager l’excellence de l’exemplaire.

Dramaturgiquement, nous privilégions les grandes histoires. Celles qui dessinent la fresque panoramique de la société qu’elles cherchent à refléter. C’est ainsi que nous nous sommes attachés aux grandes figures de la mythologie ou de l’histoire, aux héros (ou anti-héros), aux grands personnages de la littérature : Héraclès, Le Cid, Dom Juan, Don Quichotte, Candide, Aliénor d’Aquitaine, Persée, Ulysse… Nous croyons que ces grandes figures ont contribué à fonder une culture qui nous rassemble encore.

Jouer avec des outils scéniques simples et lisibles : faire un théâtre de conventions.

Esthétiquement, nous privilégions la modestie des moyens pour deux raisons.

La première est que la modestie de moyens équivaut à rendre les pouvoirs scéniques aux comédiens.

La seconde raison est que la modestie des moyens équivaut à renoncer aux pouvoirs de l’illusion scénique, au profit du pouvoir de la convention théâtrale : nous privilégions toujours les conventions instaurées par les comédiens parce qu’elles permettent d’engager la participation active du public, sa connivence et sa conscience, au contraire d’effets spéciaux extérieurs à la relation vivante qui contribueraient à faire de la représentation un objet, et du spectateur un être passif.

Interroger la figure du héros : Ulysse est-il un valeureux guerrier ou un homme qui doute ?

En travaillant aujourd’hui sur l’Odyssée d’Homère, nous ne souhaitons pas seulement faire œuvre de vulgarisation d’un monument de la littérature méditerranéenne comme de notre culture orale. Notre  ambition est de remettre en jeu la lecture commune de cette œuvre, en somme, rendre à son personnage principal toute la complexité, l’ambivalence qu’on peut y lire sous la plume d’Homère. En effet, bien avant que l’opinion publique ne fasse d’Ulysse un héros aussi malin que courageux, Homère en fit un personnage qui n’accomplit pas tant d’exploits… qu’il ne raconte en avoir accompli ! C’est toujours Ulysse lui-même qui les raconte, or ces exploits le mettent aux prises avec des créatures improbables (cyclopes, sirènes, monstre à six têtes, gardien des enfers, bœufs magiques…), et ils n’ont pas non plus d’autre témoin qu’Ulysse lui-même, puisqu’il est le seul survivant de son équipage. Par ailleurs, on sait de source sûre qu’Ulysse est doué pour le mensonge, la ruse, et l’on sait qu’il a intérêt à captiver son auditoire pour se faire offrir les cadeaux précieux qui vont rétablir sa fortune à son retour…

L’île de Calypso : un épisode pour les raconter tous, ou presque…

Pour faire apparaître la complexité d’Ulysse sur scène, notre adaptation met en jeu un seul petit épisode de l’épopée homérique : c’est dans le dépliement de cette simple situation qu’on verra apparaître un univers fait d’histoires dans l’histoire, des récits héroïques ambivalents, et enfin un héros …avec ses zones d’ombres.

Cet épisode est donc une version théâtrale du chant 5 de l’Odyssée, dans lequel Hermès, missionné par Zeus, va jusqu’à la lointaine île de Calypso, où la nymphe de la mer a recueilli Ulysse voilà sept ans. Hermès demande à Calypso de permettre à Ulysse de regagner son île d’Ithaque. Calypso, après avoir un peu résisté, consent à aider Ulysse, son amant, à rentrer chez lui.

Nous avons repris cet épisode en l’étoffant et en développant ses résonances avec le reste de l’Odyssée, exagéré la réticence de Calypso à voir son amant la quitter, amplifié les motivations d’Hermès à voir Ulysse revenir parmi les hommes. Enfin nous avons complexifié l’attitude d’Ulysse face à la perspective du retour : comment revenir en héros après les horreurs commises à Troie ? après avoir subi pendant dix ans la punition des dieux ? après avoir perdu tous ses compagnons ? Comment prétendre reprendre sa place de roi après vingt ans d’absence ? Comment reprendre sa place d’époux ? Comment se prétendre le père d’un jeune homme de vingt ans lorsqu’on ne l’a connu que bébé ? Comment renoncer à vivre immortel sur l’île de Calypso, pour aller vieillir et mourir sur l’île d’Ithaque ?

La situation initiale

L’Illiade raconte la guerre de Troie (qui a duré 10 ans) et L’Odyssée, le difficile retour du héros Ulysse chez lui, à Ithaque (qui a aussi duré 10 ans).

Les grecs ont gagné la guerre de Troie. Mais ils se sont très mal conduits et quand ils sont enfin parvenus à entrer dans la ville, ils en ont massacré les habitants. Les Dieux ont puni les chefs grecs pour leur crime. Certains sont morts, d’autres se sont noyés. Ulysse, lui, a été condamné à errer sur la mer Méditerranée pendant quelques années. Il a donc navigué d’île en île, et fait des rencontres fantastiques : des monstres, des géants, un cyclope, des sirènes… Au fil des épreuves, Ulysse a tout perdu : ses bateaux et ses hommes. Il a terminé son périple sur l’île paradisiaque de la nymphe Calypso. Elle l’a recueilli et pendant sept ans, ils ont filé le parfait amour. Pendant ce temps, à Ithaque, son épouse Pénélope tient à distance les prétendants qui convoitent le trône pour prendre la place d’Ulysse. Elle promet qu’elle choisira celui qui le remplacera lorsqu’elle aura fini de tisser le linceul du père d’Ulysse. Mais elle attend le retour d’Ulysse et fait tout pour repousser le moment où elle devra choisir. Alors, le jour, elle tisse, et la nuit, en cachette, elle détisse pour que ce ne soit jamais fini…

Le pitch

Nostalgique de son pays, de son épouse, de son fils, Ulysse n’a plus goût aux plaisirs de l’île. Il s’ennuie et tourne en rond. Alors pour passer le temps, il étend le linge…

Hermes, messager et envoyé des Dieux, débarque sur l’île. Il vient chercher Ulysse pour le ramener à Ithaque. Mais Calypso ne veut pas le laisser partir.

Ulysse va-t-il rester sur l’île de Calypso pour l’éternité ou suivre Hermès pour accomplir son destin ?

Le héros doit faire un choix…

Sur le plateau

Deux procédés sont employés pour faire revivre les exploits d’Ulysse : le récit, mais aussi l’image animée. C’est que nos trois personnages ont, sur l’avenir d’Ulysse, des points de vue divergents qui sont ici les moteurs de différentes versions de ses exploits…

Dans notre scénographie, Ulysse s’occupe à étendre le linge brodé de Calypso sur le promontoire où il a coutume de fuir le lit de la nymphe. Les ombres des plaques minérales ramassées au sol sont projetées sur ces linges suspendus comme autant de voiles hissées au bord de la mer, pour reconstituer des scènes de théâtre d’ombres éphémères. Ainsi au premier plan se joue la relation entre les 3 personnages : Hermès, Calypso et Ulysse, sous la forme d’un huis clos.

Et au second plan, il y a ce qui se raconte des aventures passées et des visions d’un futur fantasmé : souvenirs de batailles, exploits entre rêves et cauchemars, peurs de l’avenir. C’est une fenêtre sur l’esprit d’Ulysse, ses fantasmes et ses angoisses.

Quelques scènes remarquables apparaissent en théâtre d’ombres : le Cyclope, les sirènes, Charybde et Scylla, les prétendants, Circé la magicienne…

Equipe

écriture, scènographie, mise en scène / Laurent Rogero

jeu / Gloria Da Queija, Laurent Rogero et Elise Servières

création lumière / Stéphane Le Sauce
chant / Sonia Nedelec 

fabrication toiles / Marion Guérin


Production

Groupe Anamorphose, OARA – Office Artistique de la Région nouvelle Aquitaine, IDDAC – Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel, L’Odyssée – SC de Périgueux, Théâtre Ducourneau – Agen, L’Espace d’Albret – Nérac, La Canopée – Ruffec.

Résidences de travail au Théâtre du Cloître – Bellac, à La Gabarre – Tonneins, à Agen et à Périgueux.

Création à L’Odyssée, à Périgueux, le 1er février 2023

Conditions d’accueil

Durée du spectacle
1h10


Tout public : à partir de 11 ans
Scolaire : à partir de la classe de 6ème (collège & lycée)
Jauge : Tout public : 300 | Scolaire : 200

Besoins techniques
Plateau : 6m x 6m x 3m10 (hauteur)
Scène ou gradin
Sol noir et plat
Pendrillons (à l’italienne) et rideaux de fond
3 alimentations électriques (de 16A chacune) sur disjoncteurs séparés
1 escabeau (5 à 8 marches)
A l’arrivée de la compagnie, prévoir une personne pouvant aider au déchargement et connaissant l’installation électrique du bâtiment. Le montage et les réglages sont effectués par les comédiens.

Temps d’installation
Déchargement + montage 4h | Préparation : 1h
Coût de cession
2400 € ++ frais de déplacements au départ de Bordeaux et accueil de 3 personnes
(4000€ pour 2 représentations dans un même lieu. Programmables sur une même journée)

Des ateliers-médiation peuvent être organisés en complément de l’accueil du spectacle (approche philosophique ou marionnettique).
Ce spectacle peut être programmé dans le cadre du PASS CULTURE.

Quelques atouts
. une entrée poétique dans l’Odyssée d’Homère
. un théâtre d’ombres pour évoquer les épisodes célèbres du périple d’Ulysse (le Cyclope, les sirênes, les Lotophages, Circée la magicienne, les prétendants, Charybde et Scylla…)
. un questionnement sur le rôle du héros (son devoir, ses doutes, la place du libre-arbitre)

Photos

Photos Frédéric Desmesures